Déscolarisés, forcés de travailler, de nombreux enfants sont privés de leur enfance. Un fléau à l’origine de l’initiative “ILTESAM” (Initiative pour la lutte contre le travail des enfants au Maroc), une plate-forme lancée récemment par la CGEM pour changer la donne et venir à bout d’une problématique qui perpétue la précarité.
Le terme “travail des enfants” est souvent défini comme un travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, nuit à leur développement physique et mental, et met en péril leur santé et leur éducation, d’où l’urgence d’actions pour s’attaquer aux causes profondes et aux déterminants de ces violations des droits de l’homme.
Pour changer la donne, toutes les causes doivent être traitées et tous les acteurs concernés doivent travailler de concert. Consciente de cet enjeu et de la nécessité de permettre aux enfants de construire dignement leur avenir, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) se mobilise contre le travail des enfants au Maroc, un fléau qui engendre plusieurs problématiques économiques et sociales. En collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), elle vient en effet de lancer “l’Initiative du secteur privé marocain pour la lutte contre le travail des enfants”.
Le patronat assure que “ILTESAM”, l’équivalent en arabe du mot “engagement”, est une initiative pionnière qui renforcera l’engagement du secteur privé pour contribuer à l’éradication du travail des enfants au Maroc, particulièrement dans les travaux dangereux.
Unique en son genre, l’initiative “ILTESAM” consiste en la mise en place d’une plateforme visant à accompagner concrètement les entreprises marocaines dans la réussite de leurs actions de lutte contre le travail des enfants, en mettant à leur disposition toute l’information nécessaire, des kits de sensibilisation et des formations en ligne. Elle ambitionne également de les aider à échanger entre elles pour partager les bonnes pratiques dans ce domaine.
Cette plateforme offre aussi aux entreprises l’occasion de contribuer concrètement à l’atteinte de la cible 8.7 des Objectifs de développement durable des Nations Unies qui exhorte les pays à prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes d’ici 2025.
Pour le président de la commission sociale de la CGEM, Hicham Zouanat, les efforts déployés dans la lutte contre le travail des enfants au Maroc sont remarquables, avec une diminution de 92 pc en deux décennies du nombre d’enfants qui travaillent passant de 517.000 à 42.000.
Il a assuré dans une déclaration à la MAP que ce sujet demeure toujours d’une importance particulière dans un contexte socio-économique, lié la crise sanitaire de la Covid-19, car les crises et les pandémies sont des amplificateurs des inégalités sociales qui remettent encore le sujet sur la table.
Dans ce sens, a-t-il expliqué, la CGEM a créé cette plateforme qui vise trois objectifs: Sensibiliser et communiquer sur le sujet et le mettre sur la table et créer des débats, accompagner des entreprises avec des kits de communication et la formation en ligne pour sensibiliser et responsabiliser les employeurs et leur donner les arguments pour éradiquer le travail des enfants non seulement dans leur entreprise mais surtout dans l’ensemble de la chaine des valeurs.
Troisièmement, a-t-il poursuivi, cette plateforme vise à être comme un diffuseur de benchmarks, c’est-à-dire récolter les pratiques d’éradication du travail des enfants au Maroc et dans l’étranger et les partager avec l’ensemble des entreprises au Maroc.
Les objectifs directes de cette initiative consistent, selon le patronat, à oeuvrer pour l’amélioration du respect par les entreprises des normes nationales et internationales en matière de lutte contre le travail des enfants, mettre à la disposition des entreprises un mécanisme d’échange des connaissances sur les stratégies de lutte contre le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement et encourager les entreprises à élaborer des approches pratiques et collaboratives pour lutter contre le travail des enfants.
Au Maroc, selon l’enquête nationale sur l’emploi réalisée par le Haut commissariat au plan (HCP) en 2018, le nombre des enfants au travail de moins de 15 ans s’élève à 41.200 (90 pc en milieu rural et 10 pc en milieu urbain). Ce phénomène est en nette régression depuis 1999 où il atteignait 517.000.
D’après la même enquête, sur les 247.000 enfants âgés de 7 à 17 ans qui sont occupés économiquement, 162.000 enfants accomplissent des travaux dangereux, c’est-à-dire 2 enfants sur 3 qui travaillent seraient directement exposés à un travail dangereux.
Vu la situation actuelle de l’état d’urgence dû au Coronavirus, le risque potentiel du travail des enfants devient plus important. La déperdition scolaire, qui est la première cause du travail des enfants au Maroc, aurait tendance à s’aggraver avec la fermeture provisoire des établissements et l’appauvrissement des familles.
En adhérant à la Plateforme sur le travail des enfants, l’entreprise pourra notamment participer à l’initiative mondiale et nationale de l’éradication du travail des enfants d’ici 2025, travailler avec d’autres entreprises à l’élaboration de modèles de collaboration innovants pour lutter contre le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement grâce à une approche centrée sur le travail décent et accéder à une série d’outils pratiques comme la vérification de l’âge, le suivi et la recherche de solutions, ainsi qu’à des activités de formation et de renforcement des capacités.
Pour le patronat, il est indispensable de réunir et coordonner tous les efforts des différents acteurs en un seul endroit afin d’avoir une seule force de frappe contre le travail des enfants et le challenge aujourd’hui est d’intensifier la lutte contre le travail des enfants jusqu’à son éradication définitive.
L’Organisation internationale du travail a proclamé 2021, année internationale de l’élimination du travail des enfants. Ces vingt dernières années, près de 100 millions d’enfants ont été retirés du travail des enfants, ramenant leur nombre à 152 millions en 2016 contre 246 millions en 2000, souligne l’OIT.
L’organisation fait remarquer que la crise du COVID-19 a augmenté le niveau de pauvreté de ces populations qui étaient déjà vulnérables, et elle pourrait bien entraîner un retour en arrière en matière de progrès accomplis dans la lutte contre le travail des enfants, de même que la fermeture des écoles a également aggravé la situation et plusieurs millions d’enfants travaillent afin de contribuer au revenu familial.
Le7tv (avec MAP).