Le pouvoir algérien cultive une mentalité d’assiégé, une approche défensive et pessimiste symptomatique d’une fièvre obsidionale, décrit le journal algérien « Le Matin d’Algérie » :
« Nul doute, le pouvoir algérien vit dans une mentalité d’assiégé face à ce qu’il considère comme une entreprise de déstabilisation menée sur tous les fronts par « la main étrangère » pour l’affaiblir », décrypte le média algérien.
L’auteur de l’article relève que le régime est persuadé qu’il est entouré d’adversaires, encerclé par des ennemis tapis au sein du pays, soulignant qu' »à ses yeux cernés par la peur obsidionale, tout citoyen algérien qui ne s’aligne pas sur l’agenda politique du gouvernement devient potentiellement dangereux, un ennemi allié des puissances étrangères ».
Favorisée par une conjoncture économique difficile et une crise de légitimité institutionnelle, cette politique obsidionale prend une dimension pathologique, fait-il observer, estimant toutefois qu’« on ne construit pas un pays sur la peur et la terreur, ni on gouverne avec des imaginaires politiques paranoïaques ».
A trop cultiver le délire de persécution, le régime algérien a fini par perdre le sens des réalités, à s’aliéner la population algérienne exaspérée par les accusations de collusion avec l’étranger portées contre elle, pour avoir réclamé son droit de vivre dans la dignité, revendiqué l’amélioration de ses conditions de vie et de travail, l’augmentation des salaires et l’instauration de la démocratie.
Il estime que de toute évidence, le pouvoir actuel en Algérie est « en proie à une névrose dénommée complexe de Massada, la citadelle assiégée » : « Le complexe de Massada du pouvoir algérien se manifeste par son autisme orgueilleux, son enfermement jusqu’au-boutiste, illustré par sa certitude désespérée d’être seul détenteur de la vérité gouvernementale face à l’ensemble du peuple algérien animé uniquement, selon le pouvoir, par l’ignorance politique, égaré par les ennemis de l’Algérie », déplore-t-il, expliquant qu’on parle de complexe de Massada pour désigner ce sentiment d’être en permanence à la portée d’une menace grave.
Pour certains spécialistes, notamment les psychiatres, cette posture paranoïaque reflète un délire de persécution, fait-il savoir, ajoutant qu’en politique, au plan gouvernemental, cette mentalité d’assiégés symbolise une lutte désespérée d’un régime contre un destin historique tragique inéluctable : la fin de son règne.
Dans ce sens, le journal dénonce un « recours machiavélique au complotisme pour museler la contestation sociale légitime, verrouiller la société civile et cadenasser le débat démocratique ».
« La « menace extérieure » ne doit pas servir de prétexte pour menacer les libertés individuelles et collectives des Algériens, assiéger le peuple algérien par une politique de persécution délirante », insiste le journal, pour qui ce sont des Algériens qui revendiquent leurs droits sociaux et leur désir de vivre dignement.