La tension est montée d’un cran, ce jeudi, entre le Royaume Uni et la France sur fond d’un différend opposant les deux pays autour de l’accès de leurs pêcheurs aux eaux marines de l’île Anglo-Normande de Jersey.
Plus d’une cinquantaine de navires français ont ainsi pris part à une manifestation maritime organisée tout au long de la matinée au sein de l’île, contre les conditions de pêche imposées aux marins français après le Brexit.
Londres avait déployé tôt le matin deux navires de patrouille près de Jersey, en représailles aux menaces de Paris de couper l’électricité dans l’île Anglaises si les autorités britanniques continuaient à restreindre l’accès des pêcheurs français à ces eaux.
Les deux navires militaires britanniques : le HMS Severn et le HMS Tamar, ont été déployés pour « surveiller la situation », justifie un porte-parole du ministère de la Défense Britannique, qui évoque par ailleurs « une mesure préventive en accord avec le Gouvernement autonome de Jersey ».
La décision de Londres fait suite à des pourparlers mercredi soir entre le Premier ministre britannique Boris Johnson et le ministre de Jersey, John Le Fondré, qui a averti Downing Street contre certains mouvements de bateaux de pêche français visant à exercer, selon lui, un blocus sur le port principal de l’île.
Les autorités françaises qui avaient menacé de recourir à des mesures de « distorsion » si les autorités britanniques ne revenaient pas sur leur décision, ont envoyé de leur côté deux bateaux aux abords de l’île Anglo-Normande pour d’éventuelles opérations de secours en mer.
Celles-ci maintiennent leur politique de bras de fer face aux provocations de Londres. En effet, après avoir averti implicitement mardi contre une éventuelle interruption du transport d’électricité par câble sous-marin qui alimente Jersey depuis la France, la ministre française des Affaires maritimes, Annick Girardin a menacé jeudi d’assortir de nouvelles restrictions d’accès les licences de pêche délivrées aux pêcheurs français.
Ces menaces ont été jugées « inacceptables et disproportionnées » par le gouvernement britannique qui dit « faire confiance à la France pour utiliser les mécanismes » prévus par l’accord post-Brexit « pour résoudre les problèmes ».
Mercredi, le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que tout blocus potentiel des ports de Jersey par des pêcheurs français « serait totalement injustifié », appelant à une « désescalade des tensions ».
Sujet explosif tout au long des négociations sur le Brexit, l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques continue de provoquer des frictions malgré l’accord commercial, conclu entre les deux partenaires de longue date en décembre 2020.
Abderrazzak Boussaid/Le7tv