«Le positif attire le positif». Vous avez forcément déjà entendu cette phrase des centaines de fois. Ces dernières années, la pensée positive est partout. Sur Instagram, dans les nombreux livres de développement personnels qui y sont consacrés, et même sur Youtube.
Mais quel est donc le secret de cette «positive attitude» ? Comment font toutes ces personnes qui semblent toujours heureuses et optimistes ? Et si on essayait, nous aussi, de changer notre vision des choses ? La pensée positive permet de se focaliser sur nos forces, nos valeurs et nos réussites, pour voir le verre à moitié plein.
*Qu’est-ce que la pensée positive ?
La pensée positive remonte au XXe siècle, lorsque le pharmacien français, Emile Coué, découvre le pouvoir de l’autosuggestion positive avec ses patients. «Ce sont des phrases positives que l’on se répète à soi-même tous les jours, le matin, pour améliorer son quotidien», explique une psychologue spécialisée en psychologie positive. «Tous les jours, à tout point de vue, je vais de mieux en mieux». Tel est le mantra de l’inventeur de la fameuse Méthode Coué, à répéter vingt fois par jour.
En 1998, Martin Seligman, professeur à l’université de Pennsylvanie, annonce la naissance d’une nouvelle science consacrée aux aspects positifs de la vie : la «psychologie positive». Contrairement à la psychologie traditionnelle qui cherche à guérir les souffrances, ce concept s’appuie sur les moyens d’action positifs pour promouvoir l’épanouissement et être plus heureux·se. C’est là qu’intervient alors la pensée positive.
*Quels sont les bienfaits de l’autosuggestion positive ?
«Se répéter ces pensées positives, ça contribue à développer une émotion positive, une humeur positive, de la confiance en soi, de l’estime de soi, affirme notre psychologue. Le courant de la pensée positive, c’est lié à ce qu’on dit, ce qu’on s’autosuggère et l’impact que ça a sur notre pensée et du coup, nos émotions». Selon la psychologue, l’autosuggestion positive possède des bénéfices à trois niveaux :
L’autosuggestion positive réaliste a un effet bénéfique au niveau de la pensée, c’est-à-dire qu’on va développer de plus en plus de pensées positives et de moins en moins de pensées négatives. «On va penser aux choses qui vont bien, on va s’intéresser aux qualités des gens, on va chercher les bons côtés d’une situation. Plus on le fait, plus ça fonctionne et ça devient ce qu’on appelle des pensées automatiques», précise-t-elle.
Au niveau émotionnel : «Le fait d’avoir des pensées positives provoque des émotions positives, donc on va développer de plus en plus la joie, la sérénité, le calme mais aussi la tendresse, l’amour, et enfin la gratitude, une émotion très reliée à la pensée positive.»
Sur le corps, parce que plus on développe la pensée positive et les émotions positives et plus on produit d’hormones du bien-être. «Physiquement ça a vraiment un impact sur la détente corporelle mais aussi sur l’énergie, la vitalité et sur le système immunitaire, donc sur la santé, la forme.»
*Est-ce que ça marche vraiment ?
La pensée positive n’a rien de magique. Elle ne se résume pas non plus à se voiler la face et se dire que «tout va bien dans le meilleur des mondes». Une étude de l’université de Waterloo datant de 2009 s’est penchée sur l’efficacité de ces pensées positives. Il en ressort que, pour une moitié des participant.e.s, il y a effectivement une augmentation du bonheur et de l’émotion positive. En revanche, sur l’autre moitié, ces affirmations positives ne fonctionnent pas, voire possèdent l’effet inverse. «Les chercheurs ont alors identifié que la pensée positive était efficace, à partir du moment où la personne avait déjà un minimum d’estime d’elle-même», ajoute la psychologue.
Une personne qui n’a pas suffisament d’estime d’elle-même n’obtiendra rien de la pensée positive, au contraire. «Il y a une dissonnance cognitive, un conflit d’intérieur, entre ce que je pense de moi et ce que je suis en train de dire, qui résonne faux», nous explique-t-elle. «Une des bases de l’autosuggestion positive, c’est soit d’avoir un minimum confiance en soi, soit de choisir des phrases auxquelles on croit. Si je n’y crois pas, ça peut avoir un effet pervers. On risque de se sentir nulle et de baisser encore plus les émotions et l’estime de soi», prévient la psychologue. Comment faire alors ? Ne pas viser trop haut, en commençant par des phrases plus positives, mais auxquelles on croit. Par exemple «Aujourd’hui, je vais faire de mon mieux», plutôt qu’«aujourd’hui, je vais tout réussir».
C’est une vision de la vie qui ne nie pas les difficultés mais va les voir de façon à les surmonter
Pour certain.e.s, cette invitation au bonheur – de plus en plus présente – crée une pression sociale, une injonction extrêmement culpabilisante. A-t-on encore le droit d’être malheureux·se ? «C’est un piège de se répéter des phrases comme « tout va bien », de généraliser, d’affirmer des phrases qui ne sont pas vraies. Ce n’est pas une injonction mais une vision de la vie qui ne nie pas les difficultés mais va les voir de façon à les surmonter», précise notre invitée. «Avec la pensée positive, on développe la capacité d’adaptation aux situations les moins faciles, et donc la résilience».
*Comment renforcer l’estime de soi ?
1. Les intentions positives du matin
Notre invitée conseille de démarrer la journée en buvant un verre d’eau, ou une boisson chaude et de se mettre en état de visualisation positive. «Pendant qu’on boit cette boisson en pleine conscience, à chaque gorgée, on va imaginer un moment agréable qu’on va vivre dans la journée. Trois moments qu’on a hâte de partager, trois intentions positives, trois actions… C’est un peu comme si on les incorporait dans son corps, l’eau prend un peu une dimension « magique ».» Il est aussi possible de les écrire dans un carnet.
2. Les trois bonheurs du soir
Au moment du coucher, la psychologue recommande de se remémorer les trois moments positifs de sa journée. «On peut aussi les noter dans un carnet de gratitude, ou bien les partager en famille, pendant le dîner par exemple.» Exemple : «Aujourd’hui, j’ai beaucoup ri», «j’ai réussi mon test», «j’ai profité de mes amis».
3. La douche de gratitude
Enfin, l’experte suggère de profiter du moment de la douche pour exprimer sa gratitude. «Au lieu de prendre simplement sa douche, profiter de son temps de douche pour remercier, prendre conscience de toute la chance qu’on a, de tout ce qui va déjà bien, dans sa vie amoureuse, familiale, professionnelle, niveau santé… Même si tout n’est pas parfait, juste se concentrer au moins cet instant-là que sur le positif. On se nettoie, quelque part, mais on garde le meilleur pour se ressourcer.»
Ces trois exercices sont à faire tous les jours, à différents moments de la journée. Dernier conseil, et pas des moindres : «Quoi qu’il arrive, et c’est là aussi la difficulté, il faut formuler une phrase positive et non une négation», insiste Cécile Neuville. La phrase doit être tournée de manière positive. On ne dira pas «je ne veux plus être stressé·e» mais «je veux être plus serein·e».
Ibtihal Bassir/Le7tv.