C’est au lendemain de l’indépendance, que le Maroc a commencé une périlleuse politique d’arabisation. L’arabe classique devait progressivement remplacer le français, dans l’enseignement et l’administration !…
Il faut dire qu’à partir des années 50, la plupart des pays arabes sont aux prises avec des militants nationalistes qui considèrent que l’arabe est la seule langue permettant l’unité de la « Nation Arabe ». Pour ceux qui partagent l’idéologie « Pan-arabe », même les langues nationales, y compris les variétés locales, représenteraient une entrave à la constitution de la grande nation arabe, qui passe nécessairement par l’unification linguistique !…
Le Panarabisme, a pour habitude de « survaloriser » la langue et la culture arabes, en dévalorisant les autres langues et cultures existantes. Les langues des colonisateurs, le français ou l’anglais notamment, sont associées à l’impérialisme. Les Islamistes, quant à eux, estiment que la langue arabe est une « Langue Sacrée » parce qu’elle est « La Langue de la Révélation ». Tout un programme !…
C’est ainsi qu’à partir des années 60, le Maroc a commencé à « importer » des enseignants d’Egypte et de Syrie afin de conduire le processus d’arabisation. C’est à cette époque que le « Wahhabisme » et la pensée des « Frères musulmans » se sont progressivement introduits dans le royaume. Autant dire, on avait introduit « LE LOUP DANS LA BERGERIE » sans le savoir !…
Mais c’est dans le début des années 80, avec l’arrivée au gouvernement du parti conservateur de l’Istiqlal, que l’arabisation de l’enseignement public a été mise en place avec la bénédiction implicite du palais ; Renforcer les conservateurs et les islamistes au détriment de la gauche marocaine, progressiste, révolutionnaire et laïque, était un objectif majeur !…
On ne se rendra compte des dégâts irréversibles de cette catastrophe sur l’enseignement public, que des années plus tard, lorsque des vagues entières de jeunes « lauréats », obtenaient leurs « diplômes » avec un niveau si bas, un bagage culturel si faible pour ne pas dire médiocre ou nul, que même le marché de l’emploi local n’a pu les intégrer. Les conséquences sont désastreuses sur l’économie moderne, la compétitivité de nos entreprises et sur le savoir faire transmis. Le niveau de nos débats parlementaires officiels, le discours de nos médias et le vocabulaire « sans structure » de nos jeunes ne sont que le reflet de cette véritable débâcle. Des tentatives timides ont été essayé en vain pour remédier à ce mélodrame linguistique, par le retour à l’enseignement des matières scientifiques en français, sans véritable succès. « La fable du corbeau qui a voulu imiter la marche du pigeon et a échoué lamentablement…(la suite vous la connaissez)» peut facilement s’appliquer à notre enseignement !…
À force de les prendre pour des cobayes, nos jeunes écoliers continuent de payer le prix des expériences des « apprentis sorciers » au ministère de l’éducation nationale. Malheureusement, c’est bien leur AVENIR qu’on a hypothéqué ainsi !…
Abderrazzak Boussaïd/Le7tv