L’excès de cholestérol est en cause dans un infarctus sur deux. Une raison suffisante pour tordre le cou aux idées reçues!
De quoi s’agit-il?
Commençons par tordre le cou à une idée reçue: oui, avoir du cholestérol est normal. Ce lipide, fabriqué aux deux tiers par le foie, est même un constituant majeur de nos cellules et joue un rôle clé dans la synthèse de la testostérone, des œstrogènes ainsi que de la vitamine D. Il est donc indispensable pour conserver un organisme en forme et des os solides. Mais seulement jusqu’à un certain taux. « La graisse se dépose au niveau des artères et forme la plaque d’athérome qui favorise la survenue d’infarctus et d’AVC », décrypte le Dr François Paillard, cardiologue au CHU de Rennes.
• Ce qu’il faut faire
– Modifier ses menus: Réduire la part du « mauvais » cholestérol LDL et faire grimper celle du « bon » HDL est la première mesure à prendre. Pour cela, il faut savoir repérer les aliments trop riches en graisses saturées – crème fraîche, beurre, fromage à pâtes pressées, charcuterie et viandes grasses, friture, viennoiseries et plats industriels – et veiller à les consommer avec modération. Florence Foucaut recommande d’alterner au menu: « du poisson deux fois par semaine comprenant une portion de saumon, maquereau, thon ou sardines dont les oméga 3 préviennent la formation des caillots sanguins, de la viande blanche comme de la volaille sans la peau, et des œufs. » Les oméga 6, présents dans les huiles de sésame, de tournesol et de maïs, à raison de deux cuillerées à soupe par jour, font baisser le taux de LDL cholestérol.
À chaque repas, consommer une portion de fruits et de légumes apporte les fibres qui aident à diminuer l’absorption du cholestérol alimentaire et à l’éliminer par les selles.
Côté laitages, préférer les yaourts, fromages blancs et petits suisses à 0 ou 20% de matière grasse. Les effets se font vite sentir: en trois mois de ce régime, le taux de cholestérol total diminue de 15%, assure la Fédération française de cardiologie. En coup de pouce, penser aux produits enrichis en stérols. « 20g par jour de margarine riche en stérols abaissent le taux de mauvais cholestérol de 10% », note le Dr Catherine Serfaty-Lacrosnière, médecin-nutritionniste à Paris.
– Bouger chaque jour: « Les études ont montré que la durée et la quantité d’activités sont plus importantes que l’intensité pour faire chuter le taux de LDL cholestérol », note le Pr Carré. Tennis, danse, aquagym, aviron, sports d’équipe comme le basket ou le hand-ball, gymnastique en salle…
À chacun le sport qui lui convient, quitte à en changer pour ne pas se lasser. L’important est de s’y adonner un minimum de trente à quarante-cinq minutes trois à cinq fois par semaine, et plus si le cœur vous en dit! Sans oublier de marcher au moins trente minutes par jour.
• Les médicaments en renfort
Si, au bout de trois mois, ces rééquilibrages n’ont pas apporté les bienfaits escomptés, le médecin se tournera vers les médicaments. Les molécules phares: les statines. Bien que controversées, elles réduisent, selon la Haute Autorité de santé, la mortalité globale de 10% et la survenue d’accidents cardiovasculaires de 15 à 23%.
Une ombre au tableau: les effets secondaires. « Des douleurs musculaires se manifestent chez 10% des patients et des troubles hépatiques chez 2% d’entre eux, note le Dr François Paillard. Dans ce cas, il faudra abaisser les doses ou faire appel à d’autres médicaments, comme l’ézétimibe, qui bloque l’absorption du cholestérol alimentaire et les résines qui réduisent son absorption par l’intestin. »
Un nouveau traitement prometteur est attendu pour 2018. Sous forme injectable, il bloque l’action de la protéine PCSK9, responsable de l’excès de cholestérol. Selon une étude présentée lors du Congrès 2017 de l’American College of Cardiology, il diminuerait de 50% le taux de mauvais cholestérol et de 15 à 20% les accidents cardiaques.