Le 28 avril, s’achevait la cinquième édition de Jidar – Toiles de rue. Une édition qui a de nouveau réussi à faire communier 12 artistes venus d’Argentine, de Belgique, d’Espagne, du Canada, de France, du Maroc, des Pays Bas et du Royaume-uni autour d’une ville et de ses riverains. Une communion harmonieuse nourrie par leurs univers personnels et enrichie de leur rencontre et de l’inspiration que leur a offert la ville de Rabat pendant 10 jours.
C’est par le prisme de l’enfance que le festival souhaitait voir s’exprimer cette édition et c’est chose faite puisque l’enfance, sous ses différentes formes et ses différentes expressions, même invisibles à l’œil nu, plane sur toutes les œuvres.
L’enfance on la retrouve par exemple, dans le nounours-signature du marocain Dynam, dont la fresque située avenue Al Majd, transpire autant la douceur que la mélancolie et ne manque pas d’interpeler les passants. On la retrouve aussi dans l’univers du cartoon truffé de détails de la culture populaire marocaine de l’artiste espagnol Gr170 avenue Moustapha Assayeh, ou encore dans les tracés entrelacés et les couleurs du français 3ttman installés en plein cœur du quartier Takaddoum.
D’autres artistes ont également enchanté les rues de Rabat de leurs regards empreints de douceur, la belge Caratos et ses visages expressifs et éthérés qui surplombent l’avenue Al Massira. l’argentine Hyuro, dont le mur semblable à un tableau accroché dans un musée accueille les gens à la sortie de la gare de l’Agdal. Le marocain Machima a marqué la rue Abdelaziz Benchekroun de son sceau rouge et de sa touche reconnaissable avec une ode à la maternité, de même que le britannique Phlegm, dont l’amour du détail et la maîtrise du motif monochrome sont désormais perchés sur un mur rue Melilia.
Des fresques impressionnantes bien que très différentes les unes des autres. Surplombant la mer, il y a aussi la fresque de Yann Chatelin, un savant mélange de dessin et de calligraphie sur un fond bleu qui renvoie vers le bleu azur de la mer qui longe l’avenue Al Kifah sur laquelle elle se trouve.
Et puis, il y a Danae l’artiste canadienne qui a laissé son empreinte sur deux murs, un premier dans lequel on retrouve son univers fantasmagorique habituel, auquel elle a fait participer une vingtaine d’enfants pour un effet saisissant dans lequel la naïveté des enfants se marie avec la maturité de son art. Et un deuxième mur toujours dans le partage puisqu’elle a piloté le projet du mur collectif sur la façade du club du FUS avec 9 artistes semi-professionnels ou étudiants en beaux-arts sélectionnés sur dossier.
Le Musée Mohammed VI d’Art contemporain fut également au centre de toutes les attentions. Deux de ses façades ont
été confiées respectivement au marocain Morran et au néerlandais Does, deux artistes dont l’univers est à cheval entre le street-art qui les a vus commencer et l’art contemporain. Si les passants et les fans ont pu leur rendre visite au quotidien pour les voir à l’œuvre, une rencontre plus formelle et plus riche fut organisée un soir à l’auditorium du musée, pendant laquelle le public a pu poser des questions et échanger avec eux pendant une heure trente.
Si la semaine du festival fut colorée et ensoleillée, elle fut également studieuse à travers trois master-class menées par Yann Chatelin, Machima et Aicha El Beloui. Cette dernière a également donné un atelier de dessin autour de la perception de l’espace et de l’espace public dont ont pu bénéficier les étudiants de l’Ecole Nationale d’Architecture qui a abrité tous ces évènements.
Ainsi s’est donc achevée une édition fidèle à sa vision artistique première et son ambition de placer la ville de Rabat sur l’échiquier du street-art mondial, en attirant les yeux du monde entier sur ces tableaux à ciel ouvert tout en impliquant les riverains et les artistes locaux dans son évolution.
Nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle belle édition.