Le prestigieux hémicycle du Sénat belge a fait salle comble, mardi soir, à l’occasion d’une conférence sur la richesse de la diversité culturelle au Maroc, présentée par le Conseiller de SM le Roi, M. André Azoulay.
Cette conférence sur le thème du Vivre-ensemble au 21ème siècle, a été rehaussée par la présence de nombreux diplomates accrédités à Bruxelles, notamment les ambassadeurs des Etats-Unis, de France, d’Allemagne, de Russie et de plusieurs autres pays arabes, asiatiques et latino-américains.
Ont également répondu présents le Grand Rabbin de Bruxelles, Albert Guigui, plusieurs imams de mosquées de Belgique, la présidente Europe du Congrès juif mondial et d’éminentes personnalités du monde de la politique, de la culture et des médias.
Dans son intervention, M. Azoulay a mis en exergue la singularité du judaïsme marocain et sa résilience, à travers une histoire de trois mille ans, «nourrie et modelée sur la durée par une proximité et une intimité rarement démenties avec les civilisations berbère et arabo-musulmane».
L’assistance a été particulièrement attentive à son récit sur cette «belle histoire» entre juifs et musulmans au Maroc, dans la mesure où il a proposé «de se faire le passeur et le témoin de son propre vécu dans un temps où le goût de la complexité n’a plus sa place et dans un espace où la pensée se construit plus par l’événement de l’instant que par les livres d’histoire ».
«Au-delà d’une actualité internationale qui aurait tendance à les inciter à se tourner le dos et d’une culture de repli identitaire qui n’a ni frontières ni passeports, Musulmans et Juifs au Maroc ont ensemble choisi de résister à l’amnésie en se réappropriant leur histoire commune tout en cultivant, sous toutes les latitudes, une mémoire partagée devenue le fondement de leur destinée et de leur identité contemporaine », a dit M. Azoulay.
Cette réalité qui s’est construite au fil du temps, a expliqué le Conseiller de SM le Roi, «est forte du leadership porté par nos Souverains dans un volontarisme et une continuité qu’il nous faut inscrire dans le panthéon de l’humanité et de l’universalité de la citoyenneté », invitant l’assistance «à ne pas oublier le rôle historique de feus leurs Majestés Mohammed V et Hassan II et l’élan sans précédent donné par SM le Roi Mohammed VI, qui a marqué de Son sceau le préambule de la Constitution, votée par le peuple marocain en juillet 2011, et qui dit la place des civilisations berbère, juive et arabo-musulmane dans l’histoire et l’identité du Maroc ».
Ces acquis, a ajouté le Conseiller de SM le Roi, “sont le fruit du discours de vérité qui est le nôtre et qui dit avec la même rigueur, les pages heureuses comme les pages difficiles que connaissent toutes les grandes civilisations”.
Ces acquis, a poursuivi M. Azoulay, “expriment aussi un consensus national qui s’élargit régulièrement et qui deviendra irréfragable lorsque l’éducation prendra le relais et fera de la richesse de cette diversité une priorité de ses programmes”.
C’est dans cette perspective que M. Azoulay a suggéré que l’on prenne la juste mesure du message envoyé par SM le Roi Mohammed VI au forum convoqué à New York par l’UNESCO, en septembre dernier, et qui soulignait que la résistance à l’antisémitisme et à l’islamophobie passait par un seul mot, une seule arme, l’éducation.
Intervenant à l’ouverture de cette conférence, l’ambassadeur du Maroc en Belgique et au Grand Duché du Luxembourg, Mohamed Ameur s’est félicité de la présence massive d’acteurs politiques, de diplomates, de chercheurs et de personnalités de tout bord “au sein de ce temple de la démocratie, de la parole libre et de la diversité qui est le sénat belge”.
«Cette présence de haut niveau témoigne de l’intérêt que nous accordons tous à cette thématique d’une actualité brûlante dans un monde de plus en plus multiculturel où les échanges entre les peuples ne cessent de se développer», a affirmé M. Ameur.
L’ambassadeur a salué à cette occasion l’engagement du Sénat belge et de son président Jacques Brotchi et du Comité de Coordination des Organisations juives de Belgique, présidé par Yohan Benizri pour l’organisation de cette rencontre en partenariat avec l’ambassade du Maroc dans l’objectif « d’exprimer une préoccupation commune qui est celle du vivre ensemble et du construire ensemble ».
Cette conférence ambitionne de répondre à une double exigence, a expliqué M. Ameur.
Il s’agit, a-t-il dit, d’exprimer «notre refus et notre réprobation des discours et actes d’exclusion, de haine et de repli identitaire qui se propagent à travers le monde, provoquant des dégâts et des drames incommensurables, et de rappeler, à la fois aux nouvelles générations et aux jeunes, une histoire riche en termes du vivre ensemble et d’enseignements mais souvent méconnue».
Pour M. Ameur, parler de l’histoire d’une relation millénaire entre juifs et musulmans au Maroc dans un pays multiculturel comme la Belgique revêt une signification particulière, car la connaissance de l’histoire est un facteur de sérénité, de stabilité, de cohésion et d’intégration.
De son côté, le président du Comité de Coordination des Organisations juives de Belgique, Yohan Benizri a exprimé sa fierté en tant que Belge d’origine marocaine et de confession juive de participer à l’organisation de cette rencontre qui constitue l’illustration éloquente du vivre ensemble et du partage.
Il a souligné que toutes les conditions sont aujourd’hui favorables à l’édification d’un espace commun où toutes les formes d’expression de la diversité culturelle et confessionnelle peuvent coexister en toute harmonie et sérénité.
M. Benizri, qui a raconté avec émotion et nostalgie son enfance au Maroc, a souligné que l’esprit de solidarité, de convivialité et du vivre ensemble qui caractérisait la société marocaine où il a vécu sont l’exemple à suivre pour créer la fraternité et le partage, invitant à tirer les enseignements «de notre histoire commune».